PolitiqueInstitutionnel




Depuis 2000, onze chefs d’État africains ont changé leur Constitution pour rester au pouvoir

Age limite, nombre de mandats : les deux principaux verrous ont sauté dans plusieurs pays du continent, déclenchant parfois la chute…

Age limite, nombre de mandats : les deux principaux verrous ont sauté dans plusieurs pays du continent, déclenchant parfois la chute des régimes en place.

Le projet de nouvelle Constitution du président guinéen Alpha Condé, annoncé jeudi 19 décembre, vise, selon l’opposition, à lui permettre de briguer un troisième mandat, un procédé utilisé par de nombreux chefs d’Etat africains avant lui pour se maintenir au pouvoir.

  • Les Comores

En 2018, un référendum constitutionnel a renforcé les pouvoirs du président Azali Assoumani, l’autorisant notamment à accomplir deux mandats au lieu d’un. Il a été réélu en mars 2019, lors d’un scrutin entaché de fraudes, selon des observateurs internationaux.

  • Rwanda

Fin 2015, les Rwandais ont voté massivement en faveur d’une révision de la Constitution permettant à Paul Kagame de se présenter pour un nouveau mandat en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.

  • République du Congo

Une nouvelle Constitution adoptée lors d’un référendum controversé en 2015 a fait sauter les verrous qui interdisaient à Denis Sassou-Nguesso de briguer un troisième mandat : la limite d’âge et celle du nombre des mandats. Il a été réélu en mars 2016.

  • Burundi

En 2015, la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat a plongé le pays dans une grave crise. En mai 2018, les Burundais ont approuvé par référendum une réforme de la Constitution permettant à M. Nkurunziza de rester en poste jusqu’en 2034. Mais celui-ci a surpris en assurant qu’il ne serait pas candidat à sa succession en 2020.

  • Zimbabwe

Une nouvelle Constitution approuvée par référendum en 2013 a permis à Robert Mugabe de se porter candidat à la présidentielle, qu’il a remportée. Mais il a été contraint à la démission en novembre 2017, après trente-sept ans à la tête du pays. Il est mort en septembre à l’âge de 95 ans.

  • Djibouti

En 2010, le Parlement, entièrement acquis à la cause d’Ismaël Omar Guelleh, a adopté une révision constitutionnelle supprimant toute limitation du nombre de mandats présidentiels. Au pouvoir depuis 1999, Omar Guelleh a pu briguer de nouveaux mandats en 2011 et 2016.

  • Algérie

Le Parlement a supprimé en 2008 la limitation à deux mandats présidentiels en plébiscitant un projet de révision de la Constitution. Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a été réélu en 2009 puis en 2014. Il a toutefois démissionné en avril 2019 sous la pression d’une contestation populaire inédite.

  • Cameroun

L’Assemblée a adopté en 2008 une révision constitutionnelle supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a été réélu pour un septième mandat en octobre 2018.

  • Ouganda

Une réforme de la Constitution a supprimé en 2005 toute restriction du nombre de mandats pour le chef de l’Etat. Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, a été réélu en 2006, 2011 et 2016.

  • Tchad

En 2005, une révision constitutionnelle adoptée lors d’un référendum controversé a supprimé la limitation à deux quinquennats présidentiels. Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, a été réélu en 2006, 2011 et 2016.

  • Togo

En décembre 2002, un amendement à la Constitution a fait disparaître la limite de deux mandats présidentiels, permettant à Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967, de briguer un nouveau mandat en 2003. En 2015, son fils, Faure Gnassingbé, qui lui avait succédé après son décès en 2005, a été réélu pour un troisième mandat.

  • Burkina Faso

La volonté de Blaise Compaoré de modifier la Constitution afin de briguer un nouveau mandat après plus de vingt-sept ans de pouvoir a été à l’origine du soulèvement populaire qui l’a contraint à l’exil, fin octobre 2014.

  • Malawi

Le Parlement s’est opposé en 2002 à ce que Bakili Muluzi brigue deux ans plus tard un troisième mandat, auquel l’opposition et les Eglises étaient hostiles.

  • République démocratique du Congo

Le maintien au pouvoir de Joseph Kabila après la fin de son second mandat fin 2016 a provoqué une crise politique émaillée de violences. Après trois reports de l’élection présidentielle depuis 2016, l’opposant Félix Tshisekedi lui a succédé en janvier 2019.