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Comores : affrontements entre l’armée et des opposants au régime

Depuis lundi 15 octobre 2018, des violences ont éclaté dans l'île d'Anjouan entre l'armée comorienne et des opposants au régime du…

Depuis lundi 15 octobre 2018, des violences ont éclaté dans l’île d’Anjouan entre l’armée comorienne et des opposants au régime du président Azali Assoumani. L’Union africaine (UA) et le chef de l’ONU appellent tour à tour au calme.

« Le président de la Commission suit avec préoccupation les développements en cours dans l’île autonome d’Anjouan. Il exhorte toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue« , a écrit l’UA dans un communiqué diffusé mardi 16 octobre.

La Commission « déplore la suspension, depuis le 2 octobre 2018, du dialogue intercomorien » et « souligne, encore une fois, la nécessité et l’urgence de mesures d’apaisement de nature à faciliter le règlement de la crise« , ajoute l’UA.

Ce mercredi 16 octobre, c’est le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres qui a appelé « au calme » et « au dialogue » aux Comores.

Affrontements sur l’île d’Anjouan

Sur fond de vives tensions politiques depuis des mois, des incidents ont éclaté lundi 15 octobre lorsque des protestataires ont érigé des barrages dans plusieurs rues et autour de Mutsamudu, la capitale de l’île, considérée comme un fief de l’opposition à Anjouan. Des affrontements à l’arme automatique ont fait au moins un mort et plusieurs blessés.

A Mutsamudu, les forces de sécurité ont difficilement repris le contrôle des ruelles de la médina, ont indiqué des témoins à l’AFP. Un couvre-feu nocturne a été imposé.

Le président Assoumani critiqué

Le climat politique s’est singulièrement dégradé aux Comores depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet dernier. Ce scrutin aux allures de plébiscite (92,74% de oui) a renforcé les pouvoirs du président Assoumani, notamment en l’autorisant à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un.

Depuis 2001, la présidence était attribuée tous les cinq ans à un représentant de l’une des trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli). Ce système tournant avait permis de ramener le calme dans l’archipel, agité de coups d’Etat et de crises séparatistes depuis son indépendance de la France en 1975.

Les adversaires du chef de l’Etat ont boycotté ce scrutin, qualifié de « mascarade » et qualifié son régime de « république bananière ».

Ancien putschiste élu en 2016, Azali Assoumani a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé l’an prochain, qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029.

Depuis le référendum, des dizaines de partisans de l’opposition ont été arrêtés, accusés de « complot » contre le régime. Parmi eux, figure l’ancien président de l’archipel, Abdallah Sambi, inculpé dans une affaire de corruption et assigné depuis cinq mois à résidence dans la banlieue de Moroni. Chef du parti Juwa, M. Sambi est originaire de l’île d’Anjouan. Lundi soir, le ministre de l’Intérieur Mohamed Daoud l’a accusé d’être à l’origine des troubles.